Notre Dame d'Afrique
Anny

La guerre est un mal qui déshonore le genre humain.
Fénelon.
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Dans notre petit village, tout le monde se connaissait, s’appréciait, travaillait, s’entraidait, fraternisait, quelque soit la couleur de la peau.
Que s’est-il passé Anny ? Pourquoi aujourd’hui, portons-nous les cicatrices d’une guerre que la majorité ne souhaitait pas ? Pourquoi autant de sang versé ? Pourquoi cette barbarie infâme et ces innocents, tombés dans les deux camps ?
J’étais bien jeune le jour du départ sans espoir de retour; pourtant je me souviens de tant de choses, au point qu’aujourd’hui encore, lorsque le tonnerre gronde je suis effrayée.
Lorsque j’ai vu ton nom sur un site du Net, je l’ai reconnu. Je n’ai pas hésité, une fraction de seconde, à te contacter. Tu étais heureuse de ces retrouvailles, je l’étais autant que toi. Tu m’as raconté ton parcours, après l’éclatement des familles, des amis; ton long chemin sinueux, tu m’as parlé de tes joies, de tes peines, de tes blessures et de tes souffrances. Je t’écoutais me raconter ton histoire, bien des années après.
Oh Anny ! Je ne veux surtout pas faire de polémique, tant s’en faut ! Cependant, reconnais qu’il est triste de constater que, de chaque côté du rideau, nous avons tous été manipulés par des êtres malfaisants, désireux de servir leurs propres intérêts. C’est aussi ça une guerre civile ! Je sais que tu en souffres autant que moi. Un jour, peut-être, retournerons-nous, dans le pays de nos racines, là où le ciel et la mer se confondent, ce sera une sorte de pèlerinage, de recueillement.
L’héritage que nous véhiculons, est le seul bien légué par nos aïeux, une page de notre histoire, de notre identité.
Lève les yeux vers le ciel et regarde briller ta bonne étoile. Nous en avons tous une. La vie continue Anny.