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lundi 16 novembre 2009

Les mains tendues au service du monde.

Mission. Frère Louis au centre.


Frère Louis.

Construction d'un puits Au Bukina Faso. (cliché 1)


(cliché 2)



(Cliché 3)




Frère Louis, décédé à Tounouma (Burkina Faso) le 21 avril 1996, où il est enterré.

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Le 22 août 1922, naissait en Sarthe, Louis, au sein d’une famille très unie.

Après l’obtention de son baccalauréat, il suit des cours appropriés pour enseigner. Affecté à Chartres en tant que professeur, il est requis par les autorités militaires en 1943 au titre du travail obligatoire. Animé par la foi, Louis est ordonné prêtre à l’âge de 27 ans. Après avoir enseigné durant plusieurs années dans quatre établissements français, en 1949 Louis fait le point sur sa vie, et se porte volontaire pour l’Afrique.

C’est à la fin de l’été 1949 que Louis arrive à Toussiana, après un voyage de trois semaines par bateau et train. Il s’intègre aussitôt et enseigne à la rentrée, en tant que professeur de mathématiques et sciences. Frère Louis va découvrir, ce pays, ses habitants, ses élèves. Viennent s’ajouter à son enseignement, les travaux manuels, un jour sur trois, les élèves apprennent à cultiver, creuser des ruisseaux, arroser les plantations, récolter. Aux yeux des élèves, Louis incarne leur idéal de vie.


Au mois de septembre 1954, le frère Louis est affecté en Algérie, à El-Biar au pensionnat St Joseph.
En 1956, tandis qu’il se trouve toujours en Algérie, il dira :

« Je prie pour que cette guerre cesse et que la paix revienne, pour rendre un peu de tranquillité aux braves gens qui l’habitent, mais j’ai bien peur que la situation ne s’éclaircisse avant longtemps. »

Le 25 septembre 1958, Frère Louis est rappelé en Haute Volta, à Toussiana. Heureux de retrouver ce village, Louis fait le point sur la période récente écoulée en Algérie, il écoute souvent la radio espérant que la guerre finira bientôt, ramenant la paix et un bien être pour tous.

Après avoir exercé trois années à Toussiana, Frère Louis, est nommé à Ouagadougou, où il restera également trois ans, puis il sera nommé directeur à Bobo Dioulasso.
Frère Louis s’interroge sur le sort et l’avenir de ce peuple. Comment venir en aide plus concrètement aux paysans, aux éleveurs et aux plus démunis. Diverses maladies se développent et s’aggravent par la malnutrition. Frère Louis va faire partie d’une petite communauté « Fraternité Oudalan, St Abraham » composée de quatre à cinq personnes seulement, tous des religieux. Le petit groupe, assisté de bénévoles, va apporter le lait aux enfants, des rations alimentaires aux familles totalement démunies, des soins de santé, participer au creusement de puits avec des laïcs, médecins, ingénieurs agronomes français, belges, tous volontaires et des associations caritatives.

Des réfugiés arrivent du Mali, 4 à 5000 sinistrés, ils sont hébergés dans des camps, aux abords de Gorom-Gorom. L’aide internationale et la Croix Rouge arrivent.

À partir de 1974, le gouvernement Voltaïque semble se réserver la répartition des vivres de secours. Des enfants dénutris meurent, des adultes aussi, c’est humainement insupportable.

Frère Louis avec d’autres coopérants propose au Préfet de la région un projet, ayant pour but, la reconstruction d’un petit Cheptel. L’espérance est au fond des cœurs, au point que frère Louis n’hésite pas de demander à sa famille l’envoie de vivres.

En 1976 plusieurs coopérants et religieux sont rapatriés dans leurs pays, en raison des conditions alimentaires, sanitaires et climatiques problématiques. Frère Louis sent les forces lui manquer, mais il restera et apportera son aide jusqu’au 21 avril 1996. Ce jour où la famille apprend le décès brutal de Louis, des suites d’un infarctus du myocarde.

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Frère Louis n’était jamais fatigué. Lors des prospections il partait parfois pour plusieurs jours avec le père Bidaud et trois ouvriers. Ils dormaient dans la brousse. Frère Louis, s’allongeait sur le dos il regardait les étoiles. Lorsqu’on lui demandait ce qu’il faisait, il répondait qu’il réfléchissait au travail du lendemain. La chemise qu’il mettait le matin, il la lavait le soir et la remettait le lendemain matin et cela, jusqu’à ce qu’elle soit usée.


Il n’était pas qu’un chrétien dans un pays musulman, pour convertir ou évangéliser, mais pour donner aux pauvres.
Extrait d’une lettre écrite de la main de frère Louis.
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Les sœurs et moi essayons de vivre un peu comme le Père de Foucault, pauvres, près des gens, priant et travaillant humblement. Et cette vie simple et ignorée du monde, nous donne beaucoup de joie intérieure. Vraiment pour rien au monde nous ne la changerions contre l’argent, les honneurs… Je pense que Dieu est avec nous. Que désirer de plus ?

Je vous reste uni par la pensée et la prière et vous embrasse affectueusement.

Louis

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À une période de ma vie, en proie à une grande révolte, l’oncle Louis avait prononcé le seul langage qui avait un sens pour moi.

«Dieu n’est pas responsable du mal de ses contemporains. »

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Merci Julien Brulon, pour avoir si bien retracé dans ton livre, cet être humble, dévoué et pourtant si grand qu’était Frère Louis.

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Merci à tous ces missionnaires, ces anonymes, qui vivent loin des projecteurs et qui consacrent leur vie pour secourir les plus démunis.

burkina faso







18 commentaires:

esquisse a dit…

Dévoué,tout naturellement sans attente ou peut etre si...une ,celle de voir le bien s'installer se construire petit a petit,apporter dans la poussiere,une raison de rester et y vivre,fonder et transmettre le gout du don ,celui du coeur,se trouver ensemble et mélanger dans les memes préoccupations,aider sans assister,mettre sur la route et marcher avec eux,offrir au plus démunis de quoi leur donner dans les mains et dans les yeux ,le respect d'avoir une place,dans ce monde...Il y a des personnes comme ça,envoyé ou non,qui permettent a bout de bras,au bout des doigts,avec leur volonté et leur savoir,dans le confort de leur unique sueur,de bouger et faire redresser la marche d'un peuple ou d'une nation...La grandeur des hommes ne se graduent pas par le grade mais certaiement par le dévouement et la qualité de leur coeur...
Un reve,non... mais plus un acte qu'on peut parfois a une echelle differente mettre en pratique,a son niveau et attirer les plus bas a nous rejoindre.

DO,un billet bien important de mettre un coup de lumiere a ces hommes qui agissent et qui préferent rester dans l'hombre.
Gros bisous,
Esquisse

Michèle A-B a dit…

Un bien bel hommage ! Il existe des hommes et des femmes humbles, qui n'ont pas besoin de la lumière pour donner !
Bravo pour ce magnifique reportage

Michelaise a dit…

très bel hommage... merveilleux de faire connaitre cette vie humble et presqu'anonyme... un de mérites d'internet... bravo de nous avoir raconté cela DO....
Une pensée émue pour cet homme remarquable auquel ton billet rend justice Do
et le titre est SUPERBE

Unknown a dit…

Bonsoir Do
Un très bel hommage à ce missionnaire au grand cœur qui à passé sa vie à aider les populations pauvres d'Afrique.
Merci pour ce reportage magnifique.
Bonne semaine
Amitiés Yves

Solange a dit…

Combien de gens anonymes comme ça qui ont donné leur vie pour le bien de leurs frères et qui non eu pour seule récompense que le plaisir de servir.Bel hommage.

herbert a dit…

Bonjour, Do
Je quitte à l'instant "la vidéo" et j'ai dans les yeux des images d'espoir.
L'ensemble de ton billet est d'une sobriété si belle...par les images et par les mots.
Tout n'est que fraternité, entr'aide, générosité et écoute...
On ne sort pas de cette lecture indemne...
Merci beaucoup. Et pour tout.
Je t'embrasse bien fort.

claude a dit…

C'est un bel hommage rendu à cet homme de bien.
Vois-tu si il y a un Dieu sur cette terre, il a bien mal fait son royaume. Tant d'inégalités entre les peuples.
Mais heureusement, certains ont tout donné pour que les plus démunis vivent. Ils ont donné leur foi, leur âme, leur vie, et même leur "chemise". Dois-je comprendre que quand tu dis l'Oncle Louis, il était de ta famille.

Anonyme a dit…

Brave homme .... un bel hommage pour une personne que finalement peu de gens connaissent , moi la première . Merci pour cette découverte .
je t'embrasse tendrement

Dominique- L a dit…

Je vous remercie sincèrement pour vos messages. Persuadée que le Frère Louis doit être content de voir que, des êtres réfléchis, sont sensibilisés par la misère qui affecte beaucoup trop de pays, beaucoup trop d’individus. Cet homme et tant d’autres qui se sont battus, toute leur vie, pour essayer de combattre la pauvreté.

Pour répondre à ta question, je fais partie de sa famille Claude. Je ne le voyais que rarement, lorsqu’il venait séjourner quelques temps dans le Bélinois. Je me souviens qu’il me parlait de ma ville natale où il avait enseigné, et de cette phrase, qui restera à jamais gravée dans mon esprit :

« Dieu n’est pas responsable du mal de ses contemporains. » À une époque où je me suis révoltée contre la religion et que j’entendais des gens me débiter des inepties que je n’étais plus capable de supporter.

Il me reste une heure, je vais aller naviguer sur vos blogs que j’aime beaucoup.

Je terminerai sur cette phrase, c’est sœur Emmanuelle qui disait à peu près cela :
« Une goutte d’eau peut changer l’océan. » Elle disait vrai.

Gérard Day a dit…

Ouais! Y a à faire ici! Y a à penser et à réfléchir en tous cas!

Misère et Mission. Il se situe-là, ce texte, pour moi. Misère pour besoin, pour nécessité d'aide et... Mission pour appel, pour bonté, pour désir d'engagement.

Il est à la fois beau et dur ce texte. Beau pour le geste et très dur pour la situation, et ce, tant pour la situation de Louis que de celle des aidés. Beau, à la fois, de se laisser aider et d'avoir des gens qui le font. Dur aussi, pour l'aidant, d'être réduit à ce point de vulnérabilité humaine et à l'exil ascète pour exister!

Il est dur aussi, ce texte, pour le quasi incognito d'un être (et d'êtres) aussi exceptionnels. Dur "d'assumer", en partie, une telle méconnaissance, une telle incompréhension de la vie. Dur aussi de ne pas en faire davantage...

Un "gros" portrait que tu livres ici; en fait, assez immense. Devant une telle grandeur, on rapetisse.

De plus, cette sagesse dans la phrase rapportée " Dieu n'est pas responsable du mal de ses contemporains"... Je trouve ça sage dans l'essence mais je demande bien de qui Dieu est contemporain!(sourire) Ceci dit, c'est bien plus sage que moi.

Rosette ou Rosie, c'est pareil a dit…

Quel bel hommage, Do, écrit avec tant de passion et de chaleur. Grâce à ce superbe reportage, tu m'as fait découvrir un très grand homme...
Merci Do pour ce texte qui nous ouvre les yeux bien grands et je suis tellement heureuse d,avoir découvert ton blogue!
Porte-toi bien et je t'embrasse bien fort.

✿France✿ a dit…

Un bel hommage je pense à cet homme si simple si courageux Donner oui sans rien attendre. Tu sais je viens de voir la vidéo
Merci

claude a dit…

En ce moment à la télé on voit des images insoutenables d'enfants qui meurent encore de faim en Afrique. Le monde est ainsi fait et il faudrait beaucoup mais beaucoup de Frères Louis dans ce Pays,
Il paraît que la FAO ne fait pas bien son travail làp-bas.
Hier j'ai été visité qqu'un à Atrnage, je suis passée dans le Bélinois et j'ai pensé à toi.

Marguerite-marie a dit…

un billet émouvant et si bien écrit, merci de mettre dans la lumière un homme si bon. J'ai eu dans ma famille, le jumeau d'un oncle par alliance, qui est parti construire une mission au Congo (ex Brazzaville),il y a passé toute sa vie, et quand il venait à la maison, j'étais passionnée parce ses récits.
J'espère que tout va pour le mieux. Bises de bretagne

Alain a dit…

On ne peut etre qu'admiratif devant une telle vie. Et la notre parait soudain bien palotte.

Karine a dit…

je m'excuse, je n'arrive pas à lire en ce moment :( Je reviens dès que j'ai pu me reposer un peu.
Prends bien soin de toi! bisous

esquisse a dit…

bonjour Do,un petit mot de liaison entre deux campagnes,comme une phrase ou les lettres accolées les unes aux autres auraient comme simple desir,d'apporter un instant le plaisir d'une petite compagnie...
Gros bisous
Esquisse

herbert a dit…

Bonne soirée et douce nuit, Do.
Merci pour tous tes mots.
A bientôt.
Je t'embrasse fort.